PRATIQUES DE LA FOLIE


 

Le séminaire de Pratiques de la folie va exceptionnellement se déplacer, et prendre place dans une manifestation dont l’objet rejoint son propos, et dont l’actualité n’échappera à personne.

Nous vous invitons vivement à diffuser l’information.

En voici l’argument

L’ère de la surveillance et du soupçon

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Le champ psychiatrique est depuis quelques années le lieu d’une violence inouïe : la politique de restriction drastique des budgets, appliquée à tous les hôpitaux, se conjugue à l’entreprise de destruction systématique de sa spécificité. La culture psychiatrique est l’ennemie jurée des gestionnaires, qui préfèrent les idéaux scientistes ou les programmes comportementalistes. Le résultat est connu, c’est celui du retour de l’asile. La réduction des capacités d’accueil se solde désormais hors les murs par l’errance dans les villes ou la criminalisation des conduites déviantes.

Cette machinerie négatrice va de pair avec la promotion généralisée d’une « santé mentale » aux accents hygiénistes les plus inquiétants. Tandis que l’on exclut la folie, on développe des programmes normatifs de plus en plus précis, de plus en plus prescriptifs. Car la santé mentale est un bien individuel certes, mais surtout une affaire d’Etat : il faut prévenir les risques liés à la négligence coupable.

Pour cela il faut dépister (les enfants à l’âge de 36mois), il faut soutenir les parents dans leur parentalité défaillante, il faut contraindre à se soigner tous ceux qui ignoreraient leur propre mal. La santé de demain passe par la prescription médicamenteuse au long cours et la surveillance des comportements.

Nous sommes entrés dans l’ère du soupçon : les malades qui s’ignorent doivent être surveillés et contraints, les professionnels doivent être évalués, garantis et orientés dans leurs « bonnes pratiques ». Les dossiers informatisés permettent à la fois la traçabilité des parcours des patients et la surveillance des praticiens.

Le plus inquiétant est certainement que l’idéal sécuritaire qui se répand ainsi  fait presque consensus : on finirait par s’habituer aux chambres d’isolement, on verrait d’un bon œil la généralisation du traitement sous contrainte, on accepterait les réglementation au nom de la lutte contre les charlatans et les sectes,…

Il est grand temps de partager nos refus et nos réflexions critiques, sans quoi nous finirons par nous soupçonner nous-mêmes….


Vendredi 17 mars, à 21h

Hôpital Ste Anne

Amphithéâtre de la CMME

100 rue de la Santé, Paris 14ème  

L’Union Syndicale de la Psychiatrie  organise un débat   

présidé par Pierre Paresys,

(Union Syndicale de la Psychiatrie)

avec :

Franck Chaumon        Pratiques de la folie

Bruno Gravier             Comité Européen « Droit Ethique et Psychiatrie » (CEDEP)

Evelyne Sire-Martin   Syndicat de la Magistrature


Attention, du fait du plan Vigipirate (nous sommes dans le sujet !) il est possible que les grilles du 100 rue de la Santé soit fermées. Dans ce cas il faut passer par l’intérieur de Ste Anne : entrées rue Broussais ou rue Cabanis.