PRATIQUES DE LA FOLIE


 Séminaire 2002-2003

Mise en scène des objets :

Fétichismes contemporains.  

Vendredi 17 Janvier, à 21h

Amphithéâtre Service du Pr Guelfi

100, rue de la Santé 75014 Paris    

Bernard Odier :  

Les rôles de l’objet-médicament et du geste de prescrire dans le développement des processus de subjectivation 

La désacralisation de la folie (un des aspects de la transformation du statut de la folie) et sa réduction à la maladie mentale sont pour une part liées à la généralisation de la chimiothérapie psychotrope. Celle-ci trouve désormais sa place dans la relation médecin-malade, qu’elle transforme.

Cette transformation est soit négligée (Michael Balint consacre trois pages aux médicaments dans « La relation médecin-malade » (1950), Lucien Israel quelques unes dans «L’hystérique, le sexe, et le médecin »(1970), et Charles Melman pas plus dans « Nouvelles études sur l’hystérie »( 1984)), soit déplorée à l’enseigne de la supériorité d’essence du «purement psy ».

La contribution de l’objet-médicament et du geste de prescrire qu’il soutient au processus de subjectivation (ou mieux de subjectalisation (R.Cahn) ) est peu commentée. Pourtant, le médicament, objet externe au malade comme au médecin, va permettre le déploiement de processus d’objectivation croisés, instituer un espace original de transactions, et être l’objet d’investissements variés (fétichique, d’objet pulsionnel, de type toxicomaniaque, etc. cf. Pommier).

En pratique, il y a une cuisine de l’ordonnance qui en fait un terrain de négociations, un médium malléable (Marion Milner), voire éventuellement un objet transitionnel. Parfois, l’insistance d’une ordonnance à se reproduire à l’identique pousse à l’analyser comme une lettre, ou mieux encore, à la lettre.

Les noms des médicaments, dans leurs choix par les départements de marketting des multinationales de l’industrie pharmaceutique, comme dans le travail de déformation que leur font subir les malades qui les avalent, révèlent des croyances, et cèlent les ressorts actuels de l’efficacité symbolique (C. Lévy-Strauss).

D’une façon générale, lors des traitements prolongés, on observe la conjugaison d’un rapport aux médicaments qui devient plus tempéré chez le malade et son médecin, avec les progrès de la subjectivation (insight) chez le malade et de l’expérience chez le médecin.

pratiquesdelafolie@ifrance.com